Aux portes de Midgard

Phoebus vêtu d'un simple haillon, pieds nus se tenait devant l'imposante citée de Midgard. Il patienta des heures interminables avant qu'un mercenaire daigne l'introduire dans la petite cour destinée aux demandeurs d'asile. Il avait jugé qu'il serait indécent de se présenter en ces lieux en armes.

Un gros prélat, avachi sur un tabouret bancal, d'un imperceptible mouvement de ses doigts boudinés lui fit signe d'exprimer sa requête.

« Je viens de rejoindre le peuple des hommes que j'ai quitté il y a déjà quelques lunes pour m'exiler à la forêt. Je demande l'aval de mes pairs de libre circulation et espère leur approbation de mon retour. A dame Cadfael je ne me justifierai pas de mauvaises raisons, à dame Hello je signifie mon retour définitif, à damoiselle Morla j'exprime mes remords de piètre parrain. Oui je suis parti abandonnant ami(e)s, mais pas épouse. Elle avait disparu ainsi que les liens de notre union précipitant mon départ. Phoebus a manqué d'humilité. Il a cru pouvoir au service d'un autre peuple amener sa contribution au renouveau de sa puissance . Il a échoué, mais soyez convaincu que le peuple de la forêt est grand. Ses habitants sont accueillants et fiers. Je ne renie pas mon « passage » même si j'étais convaincu que je reviendrai vers mon peuple. Je vous demande juste de m'accepter parmi vous »

Hans remonte des caves en titubant quelques peut...Il ne prête guère attention à sa démarche car il n'y a personne à cette heure qui empruntent le sombre escalier taillant à même la roche... Il aura bien le temps de contrôler un peut son corps une fois arriver en haut... Il est essouffler, peut être devrait-il moins abuser de l'herbes à pipes... Mais les concours de ronds de fumées dont son ancien ami disparut Nathair était friand, lui laissait trop de bon souvenir, c'est d'ailleurs ce dernier qui lui lui avait patiemment tout appris sur cet art...

En arrivant sur le palier qui donne sur la cour intérieure, il reprend son souffle, et déguste une bonne lampée d'un étrange liquide contenu dans une flasque métallique; une odeur puissante et corsée d'alcool émane de celle-ci...

Puis tout ragaillardit, il franchit la porte et affronte la lueur du soleil, il hume l'air encore frais pour la saison, aperçoit un vol majestueux et ordonné, en forme de "v" de cigalette royale...

Puis un détail le rappelle à l'ordre, il semble que le bureau d'entrée soie occupé par un étranger... Hans soupir, tout cela n'est sans doute rien de bon... Il va être obligé de se rendre las bas, puisqu'il a accepté la charge de représenté sont peuple... Piètre représentant pense t-il tout en éclatant de rire... Quelques domestiques qui s'affairent dans la cour marque un temps d'arrêts, puis reprennent leurs tâches avec un léger sourire aux lèvres ! La bonne humeur légendaire de l'homme est communicative ! et peut de gens se pose des questions Sur les faits et gestes de leur diplomates, ils savant qu'il s'agit d'un personnage excentrique...
Puis il se dit, que ce n'est peut être pas une si mauvaise nouvelle que lrs de la venue de Volke... Peut être s'agit-il d'un être civilisé, qui acceptera de boire un tonneau d'hypocras en dégustant quelques poulardes aux marrons...

Il prend donc le chemin de l'entrée avec la ferme intention de s'amuser un peut !

« Bof, petite recette aujourd’hui, j’ai pas bien travaillé… » se-dit intérieurement Pam_Malibu, la jeune voleuse du peuple des humains.
« Je ferai mieux demain ! Bah, puis de toute façon, vu à quoi sert les pos que je donne, je ne vois pas pourquoi je m’en ferai. On entasse pour rien et le jour où on nous prend la forteresse après, on pleur. On fait un sempiternel sondage après s’être fait voler la moitié de la caisse diplomatique : « comment on dépense nos sous » et rien ne se passe. Je ne vois vraiment pas pourquoi je m’échine à redistribuer ce que je vole. Bon, au moins avec Hans comme diplomate, on sait à quoi cela sert. A rembourser ses dettes à la taverne… » grommela la jeune femme.
« Bon, il est où le poivrot ? J’ai pas envie de garder cette somme sur moi. La forteresse n’est pas très sûre en ce moment. Les rôdeurs rodent et les ennemis sont nombreux même parmi nous, j’ai pas trop confiance…Bah, je dois être fatiguée. Je file filer mon fric et je vais à la maison me lover dans les bras de l’époux de mon cœur. » murmura t’elle en se rapprochant du bureau de l’ambassadeur.
« Plus personne dans la salle d’attente. Bah ! Pas étonnant à l’heure qu’il est ! » Pam frappa à la porte et n’eut comme retour que le silence.
« Oté, il est pas là ! J’en ai marre ! Tout le temps, c’est la même chose ! Jamais là quand on a besoin d’eux… Cela fait deux mois que je veux donner ces saletés de roues et que je veux récupérer une cape de discrétion et voilà, il faut être à leur disposition, entre telle heure et telle heure. Et quand on y est, ils sont pas là. Quel foutoir ! » ronchonna la voleuse.
« Je viens de la taverne, il y était pas… Pourtant, c’est son heure normalement. Enfin, c’est toujours son heure ! Sauf quand il est près de la fontaine. J’ai jamais compris pourquoi il y passait le plus clair de son temps. Il croit sans doute que cela compense son alcoolisme. Bon, réfléchissons… Ca y est, il doit être dans le vieux souterrain qui mène aux caves. J’y vais et puis sinon tant pis, je laisse tout au pied de sa porte ! » décida la fille des hauts plateaux.
Elle avançait d’un pas résolu dans la direction de l’escalier menant aux caves et oubliettes. Pas l’escalier principal, trop passant, mais celui qui était abandonné car tout humain normalement constitué se cognait la tête tant il était bas et mal éclairé. Mais un Hans titubant par trop d’alcool bu, ne devait pas être plus haut qu’un enfant ou que trois pommes à genoux.
Enfin, elle le vit dans la petite cour, chancelant comme à l’accoutumé. Il remettait en ordre sa tenue et se dirigeait, vacillant, vers le bureau d’entrée.
« Tiens, un nouveau ! Cela fait bien longtemps qu’on a eu quelqu’un ! »
Pam se rapprocha et vit dans la pénombre de la salle la silhouette familière du chevalier blanc. Phoebus était de retour. Il avait perdu de sa splendeur, il semblait maigre et fatigué. C’est vrai que chez les centaures où il s’était réfugié, les temps étaient durs et que brouter du foin ne revigore pas un homme !
« J’avais raison ! » Se dit-elle. « Je savais bien qu’il reviendrait ! »
Elle se précipita pour lui souhaiter la bienvenue mais se ravisa… « Ignorons-le, il réfléchira un peu plus si toutefois il envisage de repartir… »
Pam fit demi-tour et déposa son butin au milieu de la cour. « Au moins les pos ne finiront pas dans les pattes des démons ! »

"Encore un prix à afficher, et je pourrai fermer la boutique ; quoiqu'il en soit, je n'ai rien vendu depuis longtemps, pourtant ma marchandise est de bonne qualité, comprends pas ce qui cloche. La caisse diplomatique se porte à merveille, je ne demande pas de don d'or, la seule façon que j'ai pour vivre est mon dur labeur de la journée... et comment feront-t-ils si je ne suis pas en état de défendre notre forteresse faute d'avoir mangé suffisamment ?"

Ecnelis râle tout haut et, comme à son habitude, lorsqu'elle se trouve dans cet état, lance une belle chaîne d'éclairs, cette fois en direction de la porte de son magasin.

"cette fois, je ferme et file voir le Diplomate pour qu'il me file quelques pièces ou de quoi me ravitailler ; je sais qu'il a quelques bonnes bouteilles qu'il planque, Nathair, en son temps, me l'avait dit, et je connais sa cachette... Peut-être aura-t-il quelques cuissots. Allez, dépêche, il va faire bientôt nuit. Et Beonir qui ne rentre plus à Midgard depuis des lustres !"

Elle partit sans même fermer la porte de la boutique. Qu'elle ne fût pas sa surprise en apercevant devant la porte de la salle d'attente Dame Pam_Malibu, toujours affublée légèrement. Elle salua cette dernière d'un ton très courtois.

"dis-moi voleuse, n'aurais-tu pas rencontrée mon époux lors de tes escapades nocturnes ? que fais-tu ici à cette heure, ton époux ne t'accompagne pas ? mais que vois-je, ne serait-ce pas Phoebus assit sur le banc là derrière-toi ?"

"Bonjour Madame !" Répondit la jeune voleuse. Pam avait la réputation d'une gourgandine irrespectueuse dont elle savait que la magicienne en était en grande partie responsable. Elle n'avait jamais toléré que son époux, Maître Béonir prenne la jeune fille des hauts plateaux sous sa coupe et en face son élève favorite. La jeune voleuse savait également que la magicienne était parfois saisie de folie passagère et dévastatrice. Aussi, s'efforçait-elle à être toujours aussi respectueuse que possible en sa présence. Mais la mégère acariâtre, jalouse comme une mante religieuse n'ayant pas encore dévoré son compagnon, lui tapait gentiment sur le haricot. Ses allusions la lassaient. Elle se foutait comme de sa première crise d'acné du maître voleur mais l'autre la soupçonnait toujours de nourrir des pensées adultérines. Heureusement qu'elle avait de moins en moins affaire à Béonir, son apprentissage étant achevé depuis bien longtemps car sans aucun doute Dame Ecnelis aurait fini tôt ou tard par la foudroyer.
Enfin, la jeune voleuse sourit, elle avait fait courir des rumeurs comme quoi, elle était employé comme gouge par une Dame E… tenante d’une bordellerie et depuis qu’elle avait pris Bruzz comme légitime époux, les rumeurs avaient finis par s’estomper. Les gens préféraient se porter sur une nouvelle victime et cherchait la Dame E… en question. Les mouches avaient changé d’âne !
« Non, Madame, je n’ai eu l’honneur de croiser votre Epoux ! Il doit être près du temple centaure car je viens du temple démon et je ne l’ai pas croisé. » Dit Pam.
« Messire Bruzz est fort occupé en ce moment. De jeunes loups à apprivoiser… Les béonides ont tué nombreux de ses canidés lors des dernières attaques. Mais maintenant, il doit m’attendre en notre foyer. Je cours le rejoindre. » compléta t’elle.
Pam s’éloigna et lança à la volée.
« Quand à l’être qui est avec notre diplomate, c’est bien Messire Phoebus. Il est de retour. Cela doit vous faire particulièrement plaisir…Mes amitiés à votre époux ! »

- "C'est bien toi ! Je savais que tu reviendrais, un jour ! Nul n'aurait pu dire quand, mais c'était écrit ! On revient toujours, quelles qu'aient été les raisons qui ont pu t'amener à partir..... on revient toujours".

C'est ainsi que Beonir accueillit Phoebus, qui, avec son air penaud et ses guenilles, n'était plus que l'ombre du chevalier blanc.
Aucune rancoeur, aucune amertume dans ses propos, juste de la compassion pour cet ami qu'il n'avait pas su retenir tant Phoebus était persuadé du bien-fondé de son départ.

Non, il ne le considérait pas comme un traître. Il savait, pour arpenter à longueur de temps les routes de ces mondes, qu'il fallait parfois savoir partir pour mieux revenir.

Bienheureux ceux qui savaient se contenter de leur quotidien, sans jamais rien remettre en question.
Bienheureux ceux qui ne cherchent pas à savoir ce qu'il y a au-delà de nos murs.
Mais pour les autres, il arrive qu'il soit nécessaire d'aller voir si l'herbe est un peu plus verte ailleurs afin de se rassurer et d'accepter, après avoir constaté que ça n'est pas le cas, son sort de mortel.

Beonir, qui était adossé à une colonne de la cour, s'avança vers Phoebus, le sonda du regard et, après quelques secondes, lui donna l'accolade, comme au bon vieux temps : "Sois le bienvenu mon Ami, Hans ne devrait plus tarder à arriver ! Assieds-toi..."

Hans entre enfin dans le bureau, et reste stupéfait à contempler son ami Phoebus : celui ci parait bien diminuer, il à même perdu de sa prestance naturelle...

Un large sourire vient s'afficher sur le visage du diplomate, ce qui lui donne meilleur mine.

Bonjour cher ami ! Tu m'as manqué pendant ta longue absence !

dit-il le plus simplement du monde, sans aucune rancœur dans sa voix. Puis il embrasse le chevalier blanc sur le front !

Ah, mais ne crois pas t'en sortir facilement, je vais devoir te poser les questions d'usage, lors de de l'accueil d'exilé, de retour parmi nous !



Puis sont visage passe d'une sorte d'illumination, à un air penaud...

Mais nous palabrerons après ! tu sembles affamés, et déshydrater ! Ou avais je donc la tête, je vais tout de suite quérir de quoi nous... euh te restaurez, et te désaltérer !

Même ivre, Hans vouvoie toujours même ses meilleurs amis... Mais là il semble décontenancer... Il se tourne de côté, et utilise une porte dérobée, afin d'aller chercher de toute urgence des victuailles...

D'un seul coup, Beonir sortit de sa torpeur, et remarqua que Hans s'était endormi la tête contre un pilier et que Phoebus, visiblement épuisé, était lui aussi assoupi à même le sol.

Il prit la peine de couvrir son ami de sa cape de discrétion, légère et bien chaude, en espérant qu'on ne lui marche pas dessus faute de le voir, puis prit le chemin de la grande salle où il espérait que certains ou certaines de ses homologues accourraient pour échanger sur les modalités du retour du Chevalier blanc.

Au passage, il en profita pour subtiliser la flasque d'alcool qui pendait de la poche de Hans, dit "le soiffard".

Cadfael se tenait en retrait à l’ombre d’un pilier de la cour de Midgard.

Elle avait observé l’arrivée du Chevalier Blanc, entendu le discours de celui qui revenait. Les anciens compagnons de Phoebus s’étaient déplacés pour l’accueillir et lui prodiguer des paroles de bienvenue et d’amitié.
Phoebus allait retrouver sa place au sein du peuple des hommes et c’était une bonne chose.

Un temps infini s’était écoulé depuis que Phoebus s’était présenté aux portes de Midgard mais Cadfael ne pouvait se résoudre à s’avancer vers lui ; des souvenirs la taraudaient et elle avait la rancune tenace.
Elle pensait :
« Phoebus, je vous connais depuis bien longtemps ; nous avons appris ensemble, combattu ensemble, nous avons partagé les rires et les pleurs, nous nous sommes querellés bien souvent. Et puis vous avez choisi subitement un autre chemin de vie…..
Je le sens et vous devez le sentir aussi, plus jamais je ne pourrai croiser votre regard sans songer à ce que vous avez fait. Ne nous lamentons pas, c’est ainsi.
Vous êtes de retour et c’est bien. »